« Les Rêves Noirs », étagère Mythes et légendes
« Et à ce moment, peu importe où je regardais je ne voyais autour de moi qu'une grande étendue de cendre et de mort. »
- Propos rapportés par Lorian Soufflecendre
[Page numéro 2]
Les Rêves Noirs sont les visions qu'a eu le Premier Seigneur Unique, Lorian Soufflecendre auprès d'un mystérieux Artéfact. Il est dit que les visions apocalyptiques qu'il a eu, lui aurait montré un futur dans lequel Aberrations et Noirceurs seraient sortis vainqueur du conflit avec la race humaine. C'est d'ailleurs sur la base de cette vision que le Premier Seigneur aurait entamé sa conquête d'Aestiantine avec en vue le rassemblement de son peuple sous une seule bannière contre les aberrations, et qu'il créa parallèlement l'Ordre des Veilleurs, dont le seul but était de mener à bien cette sainte mission.
On ignore tout de la véracité de ces propos. Propos fournis avant l’Aube des Temps même, là où le Cristal des Mémoires ne peut remonter, laissant ainsi les esprits dans l’incertitude. C’est un mystère tortueux, hantant encore les pensées des philosophes et Archimages de notre époque, qui n’y trouvent aucune réponse.
Mais il y a tout à croire que ces rêves ont bel et bien eu lieu, par le témoignage dans les mémoires de Lorian Soufflecendre et la multitude de détails sur ses visions d’horreur. Ils sont peu à avoir accès à ce précieux ouvrage, et il est légué de Seigneur Unique en Seigneur Unique à travers les âges, sans subir les ravages du temps.
Seuls certains extraits et passages sont connus du grand public, et on n’en parle qu’à voix basse.
Mais ces rêves furent en quelque sorte le déclic qui permit à l’humanité de se dresser et de lutter contre le mal.
Dans ses mémoires, il a dédié 13 chapitres à ses Rêves Noirs. En voici quelques extraits :
Second chapitre - Second rêve - La chute de la voûte astrale
« Comme dans mon premier rêve, je me tenais sur cette falaise escarpée face au monde et à l’humanité, la dominant de ma position. Le spectacle qui s’offrait à mes yeux était, je me sens obligé de l’admettre, aussi beau que terrible. Je ne peux m’empêcher d’utiliser ce terme, car il reflète l’impression que j’ai éprouvé en contemplant cette lumière.
Il pleuvait des astres sur toute la surface du globe. Le ciel n’était que lumière. Devant ses traînées d’or, là-haut, un grand monstre noir frappait les étoiles les unes contre les autres, les décrochant de la voûte astrale pour les lancer sur la terre et annihiler la vie. Il les frappait comme on frappe des cloches entre elles, et de chaque coup naissait une gerbe de couleurs explosives qui venaient ensuite s’abattre. Je pense que face à cette horreur, cet être indescriptible, je ne me suis jamais senti aussi démuni face au destin et petit. »
Troisième chapitre - Troisième rêve - Le grand marcheur
« Il était là, rampant et monstrueux. Rien ne semblait pouvoir arrêter sa course folle. Partout où ses pattes de géant se posaient, le sol devenait noir et aride, empoisonnant tout ce qui y poussait et plongeant le monde dans la famine et la maladie. Partout où il passait, ses fils et ses filles le suivaient, volant à ses côtés tel un escadron volant avide de chair et de sang. C’est pour cela que les Hommes fuyaient. Mais fuir pour aller où ? Il avait marché déjà sur chaque parcelle de cette terre et là où il n’était pas allé, était sa destination. On ne pouvait lui échapper. À chaque fois que je regardais par-dessus mon épaule, je voyais son ombre se dresser dans le lointain. »
Cinquième chapitre - Cinquième rêve - Les flammes
« Elles étaient là, parmi nous, entre nous, partout. Le feu sous sa forme la plus pure. Des flammes comme seul le soleil pouvait en faire, creusant la terre dans ses profondeurs et calcinant os et pierre. Ces flammes étaient vivantes, je le sais. Des entrailles brûlantes de notre monde sortaient des êtres faits d’un magma immonde répandant un peu plus la mort là où se cachait les survivants. Je vois encore un sourire dans ces flammes. Le sourire de quelque chose d’effrayant. Narquois, mauvais. Ce sourire m’est destiné. Ce n’est que la cinquième nuit et j’ai déjà peur des suivantes. »
Huitième chapitre - Huitième rêve - Sous la peau des Hommes
« Fous, ils étaient tous fous ! J’étais une nouvelle fois encore sur cette maudite falaise tandis que cette fois-ci, c’était le monde qui se déchirait lui-même ! Des armées d’Hommes s’affrontaient et écrasaient tout sur leur passage. Pas une seule ville ni un seul village n’était épargné par cette folie ! Je voyais les hommes et les femmes se tuer entre eux, les mères égorger leurs enfants tandis que les enfants se révoltaient contre leurs parents. La race humaine avait pris la décision de s’autodétruire et moi-même, je sentais au fond de moi un feu me dévorer l’esprit et les tripes, me poussant aux même atrocités. Quelque chose était dans mon corps, sous ma peau, et je ne pensais qu’à m’ouvrir le ventre pour l’en sortir ! »
Neuvième chapitre -Neuvième rêve - Les hurleurs
« Des cris déchiraient le ciel et la terre, mais ces rugissements n’étaient pas humains. Nous ne pouvions les regarder, mais ces aberrations étaient là. Hurlant et crachant de leurs poumons fétides des cris mortels devant lesquels la terre et le ciel étaient à l’agonie. Tremblements de terre, tornades, tsunamis, cyclones, éruptions volcaniques… Malgré tous les ravages qu’ils causaient, ils continuaient à hurler sans reprendre un bref instant leur souffle. Plus ces rêves passent, plus je me dis que je dois empêcher tout cela. Il existe sûrement un moyen. J’y crois. »